En 1983, à l’initiative du milieu maritime, un cours de mécanique marine a été créé au lycée technique de Saint-Gabriel.
Les armements de pêche artisans ou semi-industriels ont toujours peiné à trouver du personnel qualifié souhaitant servir à la machine. On ne s’est jamais soucié d’analyser les raisons de cette désaffection, malgré des conditions salariales avantageuses.
Difficultés de recrutement
Fort du constat du manque de mécaniciens embarqués résultant de l’inadéquation des formations, dans les années 1980, l’Association de développement de la construction à la pêche artisanale (Adecopa) a proposé à l’Association de gestion des écoles d’apprentissage maritime (AGEAM, qui deviendra l’Agema par la suite), de mettre en place, dans ses dix-sept écoles à l’époque, une formation CAP-BEP de mécanicien de moteurs marins.
Les besoins réels des navigants étant méconnus, il n’y eut pas de suite à cette demande. Robert Gouzien, professeur au lycée technique Saint-Gabriel à Pont-l’Abbé, ayant eu vent du refus des instances, s’adressa à l’Adecopa : « Faites un sondage auprès des chantiers de construction et de réparation, des ateliers de mécanique, de froid, d’électricité et d’électronique. Suivant le résultat de cette enquête, nous soumettrons à nos autorités la possibilité d’ouverture de cette formation dans nos murs ».
De Camaret à Concarneau, l’enquête fut menée rapidement, avec un retour rapide et édifiant. Il y avait une vraie demande de cette formation de mécaniciens de moteurs marins, une garantie d’emplois à l’issue de l’examen, ce qui augurait d’un bon recrutement lors de l’ouverture du cours.
En 1983, le premier cours ouvrait avec une dizaine d’inscrits. En 2017, cette formation existe toujours. Elle se nomme « Maintenance nautique » et a connu quelques aménagements.
Depuis trente-quatre ans, le lycée des métiers de Saint-Gabriel a formé une moyenne de huit mécaniciens de moteurs marins par an. Certains se sont spécialisés sur les gros moteurs et d’autres sur les moteurs de plaisance. Tous ont trouvé des débouchés. Quelques-uns ont fait une formation maritime complémentaire à la sécurité leur permettant d’embarquer sur les navires. La VAE (Validation des acquis de l’expérience) peut être utilisée.
« Tout de suite performant »
Victor Romon, ancien élève du lycée des métiers, vient d’être embauché en CDI par un atelier du Guilvinec : « Je suis originaire de Toulouse. L’excellente réputation de la formation dispensée dans ce lycée technique m’a poussé à m’y inscrire. En 2016, j’ai fait le stage de fin d’études à Paignton, dans le Devon, en Sud-Angleterre, en immersion. Communiquer en anglais sera un gros avantage plus tard. Notre formation préalable nous permet d’être utiles, autonomes et performants d’entrée de jeu. »
Dans le cadre d’Erasmus, les élèves se rendent en Allemagne, aux Pays-Bas, en Suède, en Angleterre… « Les retours sont bons et permettent de nous jauger par rapport à d’autres modèles de formation », confirme Claude Roué, professeur de physique et responsable des stages à l’étranger.
« Depuis 34 ans, nous nous sommes adaptés à l’évolution des besoins. Au départ, nous travaillions sur des moteurs marins de puissance importante. Avec la diminution des flottilles, nous avons bifurqué vers la mécanique de plaisance et la maintenance des navires. Nous apprenons également à nos élèves la réparation de coques en polyester endommagées mais aussi la mise en place de renforts pour taquets, winches et cabestans », détaille Daniel Louboutin, professeur de mécanique.
Et les possibilités d’emplois dans le domaine de la mécanique navale sont vastes : « Nos élèves n’ont aucune difficulté à trouver des emplois. Certains vont vers la mécanique marine, pêche et commerce, d’autres vers la plaisance. Certains se réorientent vers les emplois pétroliers ou annexes. Quelques-uns font des carrières de navigants, d’autres sont devenus chefs d’entreprise », se félicite Claude Roué.
Article du Ouest France du 13 février 2017 « En direct des quais »