Les terminales du bac professionnel « conduite et transport routier » ont manoeuvré un camion articulé de 38 t, dans la cour du collège Saint-Gabriel, hier. Deux jeunes ont été sélectionnés pour le championnat de France des élèves conducteurs routiers, qui se déroulera à Bron (69), en mai.
Il est 14 h. Plusieurs collégiens de Saint-Gabriel ont entrouvert les rideaux de leur salle de classe respective, pour tourner leur regard vers la cour, où se joue un spectacle inhabituel. Un élève en bac pro « conduite et transport routier de marchandises (CTRM) » grimpe dans un camion articulé de 38 tonnes et long d’une vingtaine de mètres. Il met le contact, actionne la marche arrière et vient doucement percuter une des quatre quilles jaunes situées aux extrémités du plateau. Chacune se trouve à quelques centimètres de deux autres quilles grises. Ces dernières ne doivent pas tomber, au risque de perdre « 50 points ». Les camarades sont attentifs. Et la présence de professionnels – de l’entreprise de transport Le Calvez notamment – vient.ajouter à la pression ambiante. Sept autres jeunes suivront. Les mieux classés des 36 élèves de ce bac pro, ont tous passé des épreuves théoriques la veille (culture générale, maths, anglais, mécanique, etc.) et une autre manoeuvre le matin même. François Meral et Loïc Le Roux sont finalement les deux élèves retenus pour le championnat de France des élèves conducteurs routiers, à Bron (69), en mai.
Le secteur recrute
« C’est la troisième année qu’on y participe. Ce championnat permet aux jeunes de rajouter une ligne sur leur CV. Et c’est le lycée du grand gagnant qui organisera le championnat deux ans plus tard », explique Alain Nicolas, directeur délégué à la formation professionnelle de Saint-Gabriel. L’événement a aussi pour but de faire parler du métier, car « les entreprises ont du mal à recruter des conducteurs ». Ces derniers viennent donc à la source. « Un professionnel a même demandé si quelqu’un était disponible dès juillet, pour remplacer son personnel qui prend des congés d’été. Les jeunes sont assurés de trouver un boulot à la sortie de leurs études ». Car oui, dès la fin du mois de juillet, ils peuvent entrer dans la vie active. À souvent dix-huit ans. La moitié d’entre eux se dirigera toutefois vers un BTS à la sortie du bac pro.
Vingt-deux semaines en entreprise
La filière CTRM a été créée en septembre 1959. Ce qui en fait « la toute première en Bretagne à proposer ce genre de formation ». Presque 60 ans plus tard, les élèves sont rapidement mis dans le bain. « Le mercredi c’est la pré-rentrée et dès le jeudi, ils ont leur première séance de conduite, à souvent 15 ans ». Ils passeront dans la foulée le permis « porteur », puis « ensemble articulé ». En trois années, ces jeunes réalisent 22 semaines en entreprise. Il gagnent en maturité. « C’est autre chose que quelqu’un qui tourne le volant : ils sont ambassadeurs de l’entreprise, doivent bien présenter, remplir les documents de suivi de marchandises, etc. », poursuit Alain Nicolas, qui souhaite donner de la visibilité à cette formation : « Cette année, on a organisé les épreuves dans la cour du collège pour montrer ce que savent faire les jeunes en lycée pro. Et pourquoi pas, créer des vocations ».
Féminiser la profession
Sur les 36 terminales, il y a 35 garçons cette année. « Avant on avait souvent 10 % de filles ».
Une jeune fille, diplômée l’année dernière, est partie travailler directement jusqu’en Lituanie, avec l’entreprise Péron international. « Elle a traversé dix pays en cinq mois. Beaucoup veulent faire des déplacements de longues distances ». Pour l’instant, cap sur Bron.
Pratique Portes-ouvertes de la formation le 11 mars, de 9 h à 17 h. Possibilité de faire une demi-journée de conduite, sur demande, pour découvrir la formation.
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